• Parce que l'automne est arrivé et que j'ai tout de même envie de me replonger en été, je vous propose pour une période, ces écrits qui en parlent. Un peu de soleil pour réchauffer vos coeurs et vos corps sous la pluie automnale...

    Bonne lecture !

     

    En adorant Sylvie

     

    Je me meurs tous les jours en adorant Sylvie, 
        Mais dans les maux dont je me sens périr, 
              Je suis si content de mourir, 
        Que ce plaisir me redonne la vie. 
      
    Quand je songe aux beautés, par qui je suis la proie 
        De tant d’ennuis qui me vont tourmentant, 
              Ma tristesse me rend content 
        Et fait en moi les effets de la joie. 
      
    Les plus beaux yeux du monde ont jeté dans mon âme 
        Le feu divin qui me rend bienheureux ; 
              Que je vive ou meure pour eux, 
        J’aime à brûler d’une si belle flamme. 
      
    Que si dans cet état quelque doute m’agite, 
        C’est de penser que dans tous mes tourments 
              J’ai de si grands contentements 
        Que cela seul m’en ôte le mérite. 
      
    Ceux qui font en aimant des plaintes éternelles 
        Ne doivent pas être bien amoureux, 
              Amour rend tous les siens heureux, 
        Et dans les maux couronne ses fidèles. 
      
    Tandis qu’un feu secret me brûle et me dévore, 
        J’ai des plaisirs à qui rien n’est égal, 
              Et je vois au fort de mon mal 
        Les cieux ouverts dans les yeux que j’adore. 
      
    Une divinité de mille attraits pourvue 
        Depuis longtemps tient mon cœur en ses fers, 
              Mais tous les maux que j’ai souffert 
        N’égalent point le bien de l’avoir vue. 

     

    Vincent Voiture Poésies, Stances, 1649


    votre commentaire
  • Encore un Thilliez ! Et oui, autant vous dire que j'aime tellement cet auteur que j'ai acheté tous ses bouquins et donc que vous allez en lire des articles sur ses oeuvres ! Comment s'en passer ? Comme le précise le magazine Elle sur la quatrième de couverture : "Franck Thilliez n'a pas son pareil pour nouer une intrigue policière tout en plongeant ses personnages dans de sordides histoires qui titillent leur côté sombre. (...) Efficace, documenté, complexe, ce nouveau roman apporte son lot de frissons."

    Comment résister ?

     

    L'anneau de Moebius de Franck ThilliezQuatrième de couverture : Pour sa première enquête, Victor Marchal aborde son métier de flic par sa face la plus noire : une ex-star du porno torturée, une mise en scène macabre, et une plongée dans le monde interlope des déviants sexuels et des monstres de la nature.

    Depuis toujours, Stéphane Kismet est hanté par des images prémonitoires mais cette fois elles obéissent à une indéchiffrable et terrifiante logique. Dans ses rêves, Stéphane possède une arme, il est recherché par la police, une petite fille est morte...

    Les trajectoires de Victor et Stéphane vont se rejoindre. C'était écrit.

                                         L'un n'a encore rien vu, l'autre ignore qu'il sait déjà tout....

     

    Une quatrième de couverture qui dévoile l'univers ambiant du roman : des crimes horribles. Donc âme sensible abstenez-vous... Thilliez a toujours su décrire avec brio des scènes de crime particulièrement malsaines, horribles. J'ai l'impression qu'il se délecte lorsqu'il explique le supplice subit par ses victimes en imaginant les grimaces que l'on va faire lorsqu'on va le lire... A chaque fois je me dis : "bon ben il ne peut pas faire pire" et bien si ! Trop fort il est !

     

    Le métier de flic ici est mis à rude épreuve pour deux raisons : la première étant les horribles tortures pratiquées sur les victimes, la seconde se portera davantage sur la relation tendue entre les policiers. Victor est un petit nouveau, il n'échappera pas aux nombreuses brimades de ses collègues et aussi bien évidemment aux reproches de son épouse qui souffre de ne pas le voir aussi souvent qu'elle le souhaite : l'enquête de terrain bouffant tout le temps libre de son époux.

     

    Stéphane travaille pour le cinéma. Il fabrique les marionnettes, les masques, les têtes défigurées utilisées dans les films d'horreur. Il a une imagination débordante, des idées lumineuses pour donner vie à des horreurs. Depuis quelques temps, il se rend compte que ses cauchemars ont finalement un sens. Mais on n'entre pas aux pays des rêves si facilement et surtout il faut accepter d'en payer le prix. Et avec Thilliez à l'écriture, il ne faut pas s'attendre à ce que ce soit aussi facile...

     

    Entre crimes sordides, rêves cauchemardesques, enquête difficile au sein des oubliés de la société, relations de couple tendues, je vous prie de me croire sur parole, ce livre saura vous tenir éveillés, peut-être même un peu trop...

    A dévorer absolument bien entendu !

     

    Extrait : Le plus choquant quand on s'aventure dans une salle d'autopsie, est la vue directe, sans détour, qui s'offre depuis le seuil sur le corps nu, étalé sous la puissante lampe Scialytique. La forme humaine, incisée, dépouillée, donne alors l'impression d'un vallon de sang, un séisme de chair ne laissant subsister que des ruines organiques.

    Derrière son masque, Victor tenta de se donner une contenance. Il ignorait s'il fallait reculer, avancer... Sur la droite, il remarqua un local OPJ, pourvu d'une porte et d'une lucarne où une main frileuse pouvait recevoir les prélèvements sans assister au carnage. Un refuge pour ceux qui ne supportaient pas.


    votre commentaire
  • Une jolie déclaration d'amour ça fait toujours du bien, surtout quand c'est un homme qui l'écrit... Bon baume au coeur.

     

    La chanson de Fortunio 

     

    Si vous croyez que je vais dire
    Qui j'ose aimer,
    Je ne saurais, pour un empire,
    Vous la nommer.

    Nous allons chanter à la ronde,
    Si vous voulez,
    Que je l'adore et qu'elle est blonde
    Comme les blés.

    Je fais ce que sa fantaisie
    Veut m'ordonner,
    Et je puis, s'il lui faut ma vie,
    La lui donner.

    Du mal qu'une amour ignorée
    Nous fait souffrir,
    J'en porte l'âme déchirée
    Jusqu'à mourir.

    Mais j'aime trop pour que je dise
    Qui j'ose aimer,
    Et je veux mourir pour ma mie
    Sans la nommer.

     

    Alfred de Musset Poésies nouvelles, 1836


    votre commentaire
  • Donato Carrisi m'avait littéralement bluffée et effrayée avec Le Chuchoteur. Avec ce nouvel ouvrage, il montre à nouveau tout son génie, l'angoisse est toujours présente mais la peur est absente et ce n'est pas plus mal parfois, cela nous permet de mieux réfléchir et surtout de mieux dormir...

     

    Le tribunal des âmes de Donato CarrisiQuatrième de couverture :

     

    Rome. Sa dolce vita, son Capitole, ses foules de pèlerins, ses hordes de touristes. Sa pluie battante, ses sombres ruelles, ses labyrinthes souterrains et ses meurtriers insaisissables. Marcus est un homme sans passé. Il y a un an, il a été grièvement blessé et a perdu la mémoire. Aujourd'hui, il est le seul à pouvoir élucider la disparition d'une jeune étudiante kidnappée. Sa spécialité : analyser les scènes de crime. Sandra est une enquêtrice photo pour la police scientifique. Elle aussi recueille les indices sur les lieux où la vie a dérapé. Il y a un an, son mari est tombé du haut d'un immeuble désaffecté. Elle n'a jamais tout à fait cru à un accident.

     

     

    Leurs routes se croisent pour les conduire chacun au carrefour où il faut choisir entre la vengeance et le pardon.

     

    Sandra souffre du décès de son mari. Tout dans leur appartement le rappelle à sa mémoire.

    Marcus souffre de ne pas avoir de passé. Il a perdu la mémoire.

    Ces deux êtres blessés vont chacun mener l'enquête de leur vie : elle pour découvrir ce qui est finalement arrivé à son époux, lui pour élucider un kidnapping.

     

    Mais rien n'est évident avec Donato Carrisi, il ne nous laisse que des miettes disséminées ici et là et c'est à ses personnages et à nous lecteurs de reconstruire la tranche de pain puis la baguette. Et à chaque fois cette baguette est juste délicieuse, peut-être justement parce qu'on met du temps à la fabriquer, à la découvrir enfin.

     

    Sandra va être confronté à un labyrinthe d'indices laissés par son mari, elle va devoir visiter Rome (pour notre plus grand plaisir d'ailleurs, surtout si on y est déjà allés) aussi bien celle des touristes que celle plus sombre et inconnue. Deux hommes vont lui proposer de l'aide, mais qui l'épaulera vraiment ?

     

    Marcus quant à lui n'a pas perdu son don. Il est un formidable chasseur d'indices sur les lieux des crimes. Rien n'échappe à son regard et à son jugement. Ce qu'il va vivre tout au long de cette enquête va progressivement lui rappeler des bribes de souvenirs. Qui est-il vraiment ?

    Et bien vous ne le saurez qu'à la fin du roman bien sûr !

    Et vous serez ébahis par le talent de l'auteur qui saura vous surprendre que vous lui résistiez ou pas...

     

    Conclusion, courez acheter ce roman sans plus attendre et laissez-vous guider dans les rues somptueuses de Rome.

     

    Extrait : En montant, il vit ce qu'il restait des appartement inoccupés. Ce qui avait été épargné par les chacals reproduisait fidèlement les scènes domestiques interrompues au moment de l'évacuation. Un déjeuner abandonné en plein milieu. Une partie d'échecs jamais terminée. Un lit défait. La ville était un immense lieu de mémoire où chacun, en prenant la fuite soudainement, avait laissé ses propres souvenirs. Les albums photo, les objets les plus intimes et précieux, les vieilleries de famille : tout attendait un retour qui n'arriverait pas. Tout était resté en suspens. Comme une scène vide après la pièce, quand les acteurs s'en vont. Comme un mépris du temps. Tristes allégories de la vie et de la mort, ensemble. De ce qui était et qui ne serait plus.


    votre commentaire
  • Si le premier poème met en lumière la beauté de la vie, le second nous l'enlève et nous enterre... 

    A vous de choisir celui qui vous ravit et vous convient le plus... Bonne lecture.

     

     

    Nous ferons, ma Diane

     

    Nous ferons, ma Diane, un jardin fructueux :
    J'en serai laboureur, vous dame et gardienne.
    Vous donnerez le champ, je fournirai de peine,
    Afin que son honneur soit commun à nous deux.

    Les fleurs dont ce parterre éjouira nos yeux 
    Seront vers florissants, leurs sujets sont la graine, 
    Mes yeux l'arroseront et seront sa fontaine
    Il aura pour zéphyrs mes soupirs amoureux.

    Vous y verrez mêlés mille beautés écloses, 
    Soucis, oeillets et lys, sans épines les roses, 
    Ancolie et pensée, et pourrez y choisir

    Fruits sucrés de durée, après des fleurs d'attente, 
    Et puis nous partirons à votre choix la rente :
    A moi toute la peine, et à vous le plaisir.

     

    Théodore Agrippa d'Aubigné Le Printemps, 1575

     

     

    Epitaphe

     

    Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
    Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
    Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
    Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.

    C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
    Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ;
    Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
    Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.

    Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
    Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
    Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.

    Et quand vint le moment où, las de cette vie,
    Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
    Il s'en alla disant : " Pourquoi suis-je venu ? "

     

    Gérard de Nerval Poésies diverses, 1877


    votre commentaire