• Je tiens à remercier chaleureusement Marie-France, mon amie, de m'avoir prêté ce livre. Elle me confiait qu'il lui avait fait du bien à un moment de sa vie, je comprends pourquoi.

     

    Et si c'était vrai de Marc LévyQuatrième de couverture : Que penser d'une femme qui choisit le placard de votre salle de bains pour y passer ses journées ? Qui s'étonne que vous puissiez la voir ? Qui disparaît et reparaît à sa guise et qui prétend être plongée dans un profond coma à l'autre bout de la ville. Faut-il lui faire consulter un psychiatre ? En consulter soi-même ? Ou, tout au contraire, se laisser emporter par une extravagante aventure ?

    Et si c'était vrai ?

    S'il était vrai qu'Arthur soit le seul homme qui puisse partager le secret de Lauren, contempler celle que personne ne voit, parler à celle que personne n'entend ?

     

    Etrange histoire que celle racontée dans ce roman. Moi qui suis une adepte des thrillers, des policiers, je ne me serais pas laisser tenter par ce livre mais je ne regrette à aucun moment de l'avoir lu.

    Il est difficile de classer ce roman dans une catégorie. C'est à la fois une histoire d'amour, une comédie, une enquête. On y trouve de la poésie aussi, une certaine philosophie de vie, le dialogue choisi en extrait ci-dessous le prouve.

     

    Ce qui arrive aux personnages est inimaginable et pourtant on aimerait des fois que cela se produise. Lauren vit un cauchemar éveillé, elle déambule dans un monde qui ne la perçoit pas, elle est emmurée sans échappatoire. Heureusement pour elle, son errance va la conduire à Arthur qui lui sera d'un soutien inestimable. Certes leur première rencontre est d'une folie manifeste, mais peu à peu le lien qui va les unir sera de toute beauté et on ne pourra que se laisser emporter par tant d'empathie, de compréhension, d'échanges, de tendresse et de passion. Oui les belles histoires mettent encore du baume au coeur et j'en avais bien besoin.

     

    Jusqu'où peut-on aller pour venir en aide à quelqu'un ?

    Quelles limites nous fixerons-nous ?

    Quels chemins tortueux serons-nous prêts à emprunter pour sauver une inconnue, une amie ? Arthur se montrera d'une ingéniosité débordante, il sera un preux chevalier comme on en a tous besoin finalement.

     

    Une lecture apaisante, réconfortante, douce, tendre et agréable. Je vous conseille ce livre vivement.

     

    Extrait :

    - Regarde bien tout ce qu'il y a autour de nous : de l'eau en colère, de la terre qui s'en moque, des montagnes dominantes, des arbres, de la lumière qui joue à chaque minute de la journée à changer d'intensité et de couleur, des oiseaux qui voltigent au-dessus de nos têtes, des poissons qui essaient de ne pas être la proie des mouettes tout en chassant d'autres poissons. Il y a toute cette harmonie de bruits, celui des vagues, celui du vent, celui du sable ; et puis au milieu de ce concert incroyable de vie et de matière, il y a toi, moi et tous les êtres humains qui nous entourent. Combien d'entre eux verront tout ce que je viens de te décrire ? Combien réalisent chaque matin le privilège de se réveiller et de voir, de sentir, de toucher, d'entendre, de ressentir ? Combien d'entre nous sont-ils capables d'oublier un instant leurs tracas pour s'émerveiller de ce spectacle inouï ? il faut croire que la plus grande inconscience de l'homme, c'est celle de sa propre vie. Toi, tu prends conscience de tout cela, parce que tu es en danger et cela fait de toi un être unique, par ce dont tu as besoin pour vivre : les autres, parce que tu n'as plus le choix. Alors pour répondre à la question que tu ne cesse de me poser depuis tant de jours, si je ne prends pas de risques, toute cette beauté, toute cette énergie, toute cette matière en vie te deviendrait définitivement inaccessible. C'est pour cela que je fais cela, réussir à te ramener au monde donne un sens à ma vie. Combien de fois ma vie m'offrira-t-elle de faire une chose essentielle ?


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  • Les poèmes relatifs à l'automne étant achevés, passons maintenant à l'hiver...

    Pour réchauffer nos coeurs, rien de mieux pour ouvrir le bal qu'un je t'aime...

     

    Je t'aime 

     

    Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues

    Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu

    Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud

    Pour la neige qui fond pour les premières fleurs

    Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas

    Je t'aime pour aimer.

    Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas

     

    Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu

    Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte

    Entre autrefois et aujourd'hui

    Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille

    Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir

    Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie

    Comme on oublie

     

    Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne

    Pour la santé

    Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion

    Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas

    Tu crois être le doute et tu n'es que raison

    Tu es le grand soleil qui me monte à la tête

    Quand je suis sûr de moi.

     

    Paul Eluard, Le Phénix, 1951


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  • Ne lâche pas ma main de Michel BussiAprès Gravé dans le sableUn avion sans elle et N'oublier jamais, parlons d'un nouveau roman de Michel Bussi prêté par ma maman.

     

    Quatrième de couverture : Un couple d'amoureux dans les eaux turquoise de l'île de La Réunion. Farniente, palmiers, soleil.Un cocktail parfait.Pourtant le rêve tourne court. Quand Liane disparaît de l'hôtel, son mari, Martial, devient le coupable idéal. Désemparé, ne sachant comment prouver son innocence, il prend la fuite avec leur fille de six ans. Pour la police, cela sonne comme un aveu : la course-poursuite, au coeur de la nature luxuriante de l'île, est lancée.

     

     

     

    Ah ça donne envie ! Michel Bussi réussit ici à nous donner envie de voyager et de découvrir cette île paradisiaque autant pour ses paysages qu'il décrit à merveille que pour ses mets, ses alcools, sa culture et son savoir profiter de la vie, être à la cool.

    Pourtant, tout tourne au cauchemar quand Liane s'évanouit dans la nature. Son mari semble déboussolé mais les preuves s'accumulent contre lui, les témoignages aussi.

     

    Est-il coupable ?

    Est-il innocent comme le prétend la quatrième de couverture ?

    Avec Bussi rien n'est évident. Il va donc falloir au lecteur beaucoup de patience....

     

    En attendant, on suivra avec engouement tout autant la cavale de Martial et de sa fille dans les montagnes réunionnaises que les enquêtes du capitaine Aja Purvi et du sous-lieutenant Christos. Si Aja est une fille de l'île, Christos est un blanc qui est fou amoureux d'une Réunionnaise qui a cinq enfants de trois pères différents. Ils s'entendent bien tous les deux même s'ils n'hésitent pas à s'envoyer leurs vérités à la tête. C'est ce qui va donner du corps à leur enquête car chacun aura ses intuitions, chacun suivra son flair, son instinct dans un même but : retrouver Martial et sa fille sains et saufs. La course-poursuite est lancée dans tous les sens. Les télés, les radios diffusent les portraits des Bellion, Martial et sa fille sont aux aguets, obligés de se cacher sans cesse.

     

    Il n'y a aucun temps mort dans ce roman et j'adore ça, être tenue en haleine. Les informations sont délivrées petit à petit, on a le temps de se faire notre propre opinion, d'émettre nos hypothèses et de les déquiller au fur et à mesure. On a de la tendresse pour les deux gendarmes et de la tristesse pour la petite fille qui réclame sa mère avec ardeur. Seul bémol, le pot-aux-roses est balancé un peu trop rapidement à la fin et le duel est trop gros à mon goût... Je vous laisserai vous faire votre propre opinion... Bonne lecture haletante !

     

    Extrait :

    - Je... je m'excuse de vous avoir dérangée, capitaine. Je me doute que, pour la gendarmerie, une telle disparition peut apparaître très... très banale... Mais... mais comment vous dire... Pardonnez-moi, capitaine, je cherche mes mots... Derrière les apparences... il... il y a...

    Aja adopte une pose compatissante pendant que Martial essuie son front trempé avec un pan de sa chemise ouverte. En une seule phrase, Bellion s'est déjà excusé deux fois. Elle trouve étrange ce sentiment de culpabilité, d'autant plus qu'il contraste avec son allure de beau gosse, ces pectoraux impeccables en transparence sous sa chemise Blanc du Nil. Pourquoi se sentir à ce point coupable ?

    Bellion aspire une bouffée d'air à battre le record du monde d'apnée, puis se lance d'un coup :

    - Capitaine, je vais m'y prendre autrement, ce sera plus simple. Je ne suis pas stupide, je me doute que tout le monde va penser que ma femme m'a planté là. Bien entendu... Les tentations ne manquent pas sur l'île. Ecoutez-moi capitaine, ce n'est pas le cas... Elle ne serait pas partie ainsi. Pas sans sa fille... Pas sans...

    Aja interrompt soudain les hésitations de Martial.

    - D'accord, monsieur Bellion. Inutile de vous justifier, nous allons faire tout ce qui est possible. Vous avez de la chance, Armand Zuttor est aux petits soins pour ses clients... Ici, la gendarmerie fait partie des services proposés par l'hôtel. Assurer leur sécurité, vous comprenez. Je vais enquêter sur la disparition de votre femme, je vous assure, avec toute la discrétion nécessaire....

     


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  • Voici le dernier poème rattaché à l'automne, la semaine prochaine. Le mois prochain, nous commencerons les poésies de l'hiver...

    Profitons des derniers soleils de ce poème, car pour nous, espérons-le, le soleil ne fait qu'arriver...

     

     

    Sous les derniers soleils

     

    Sous les derniers soleils de l'automne avancée,

    Dans les derniers rayons des plus pâles beaux jours

    Il est une douceur plus tendre à la pensée,

    Et belle encor d'effets et de riches retours.

     

    Dans le déclin aussi de la beauté qu'on aime,

    Dans ses yeux, dans ses traits et sur son sein pâli,

    Il est un dernier charme, une haleine suprême.

    Une blancheur de pampre, et comme un fruit d'oubli.

     

    C'est la rose mourante et toujours plus touffue !

    Plus désirée à l'oeil, la pêche qui va choir ;

    La prune qui se fend et sa chair entrevue,

    Ivresse de l'abeille à son butin du soir !

     

    Sainte-Beuve, Poésies complètes, 1863


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  • Avant toute chose, je tiens à remercier ma maman pour le prêt de ce livre.

    Une petite histoire à la Broadchurch ça vous tente ?

    N'oublier jamais de Michel BussiQuatrième de couverture : A Yport, parti courir sur la plus haute falaise d'Europe, Jamal a d'abord remarqué l'écharpe, rouge, accrochée à une clôture. Puis la femme, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Jamal lui tend l'écharpe comme on tend une bouée. Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît le corps inerte de l'inconnue. A son cou, l'écharpe rouge. Tout le monde pense qu'il l'a poussée. Il voulait simplement la sauver. C'est la version de Jamal, le croyez-vous ?

     

     

    Un petit village où tout le monde se connaît.

    Un jeune beur avec une jambe en carbone rêve de devenir le premier sportif handicapé à participer à l'Ultra-Trail du Mont-Blanc.

    Une jolie jeune femme décide de mettre fin à ses jours de manière spectaculaire.

    Des témoins sur la plage découvre le corps fraîchement tombé.

    Un seul témoin en haut de la falaise l'a vue sauter.

    Voilà comment un simple entraînement routinier peut bousiller votre vie.

    Voilà comment un suicide peut incriminer un innocent.

     

    Tout repose sur cette écharpe... Que fait-elle sur le corps, enroulée autour du cou de la victime ? Comment est-ce possible ? Ca ne l'est pas.

    Pourquoi croire à un suicide alors qu'on a un témoin aux premières loges, un beur handicapé dont personne ne se soucie ?

    Pourquoi le croire lui plutôt que les personnes âgées sur la plage ?

     

    Tout bascule en un témoignage. Histoire rocambolesque et pourtant vraie ?

    Jamal va très vite comprendre que tous se retournent contre lui, il est le suspect idéal.

    Que faire quand on ne nous croit pas ?

    Comment agir lorsqu'on se sent persécuté ?

    Comment sortir d'une machination qui nous avale avec toutes nos convictions ?

     

    Deviendriez-vous fou ? Vers qui iriez-vous pour un peu d'aide ?

    Jamal va devoir se débrouiller seul, chercher des réponses, comprendre, se défendre.

     

    J'ai passé un très bon moment à lire ce roman. J'avais l'impression de voir un film se dérouler devant mes yeux, il devrait d'ailleurs être adapté au cinéma. On ressent bien le piège autour de Jamal se resserrer à chaque page, on suffoque, on s'énerve, on réfléchit avec lui pour tenter de le sortir de là. Mais l'intrigue est rondement bien menée et ce n'est qu'à la fin qu'on comprend ce qui s'est passé. Soyez donc patients et tout ira bien....

     

    Extrait : Mon amour,

    Je volerai au temps ses aiguilles,

    Pour l'empêcher de filer

    Je volerai au jour ses béquilles

    Pour l'empêcher de se lever

    Je volerai au printemps ses jonquilles,

    Pour l'empêcher de faner

    Je volerai au cocon sa chenille

    Pour l'empêcher de s'évader

    Je poserai sur l'univers des grilles

    Pour l'empêcher de nous séparer

    J'habillerai notre fortune de guenilles,

    Pour l'empêcher de nous acheter

    Je tuerai toutes les autres filles

    Pour les empêcher de t'aimer

    Je demanderai à la vie une famille

    Pour l'empêcher de nous ennuyer

    Je construirai autour de nous une bastille

    Et je la défendrai

    M2O

     


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