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Un jour, un poème (8/19)
Parce que l'automne est arrivé et que j'ai tout de même envie de me replonger en été, je vous propose pour une période, ces écrits qui en parlent. Un peu de soleil pour réchauffer vos coeurs et vos corps sous la pluie automnale...
Bonne lecture !
En adorant Sylvie
Je me meurs tous les jours en adorant Sylvie,
Mais dans les maux dont je me sens périr,
Je suis si content de mourir,
Que ce plaisir me redonne la vie.
Quand je songe aux beautés, par qui je suis la proie
De tant d’ennuis qui me vont tourmentant,
Ma tristesse me rend content
Et fait en moi les effets de la joie.
Les plus beaux yeux du monde ont jeté dans mon âme
Le feu divin qui me rend bienheureux ;
Que je vive ou meure pour eux,
J’aime à brûler d’une si belle flamme.
Que si dans cet état quelque doute m’agite,
C’est de penser que dans tous mes tourments
J’ai de si grands contentements
Que cela seul m’en ôte le mérite.
Ceux qui font en aimant des plaintes éternelles
Ne doivent pas être bien amoureux,
Amour rend tous les siens heureux,
Et dans les maux couronne ses fidèles.
Tandis qu’un feu secret me brûle et me dévore,
J’ai des plaisirs à qui rien n’est égal,
Et je vois au fort de mon mal
Les cieux ouverts dans les yeux que j’adore.
Une divinité de mille attraits pourvue
Depuis longtemps tient mon cœur en ses fers,
Mais tous les maux que j’ai souffert
N’égalent point le bien de l’avoir vue.Vincent Voiture Poésies, Stances, 1649
Tags : femme, amour, passion, tristesse, survivre
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