• Don d'organes (écrit à 28 ans)

    Ce poème m'a été inspiré par un film que je suis allée voir au cinéma hier soir en avant-première et que je vous conseille vivement. Il n'a pas fait l'objet d'une publicité énorme avec une bande annonce qu'on nous montre à longueur de temps et c'est mieux ainsi. J'y suis allée sans savoir de quoi ça parlerait, ignorant quel sujet serait abordé, mon esprit était libre de toute appréhension, vierge d'une quelconque opinion.
    "Sept vies" en est le titre, une leçon de vie en est l'issue. Cela faisait longtemps que l'émotionne m'avait pas autant submergée. J'ai été prise de cours, surprise, fortement émue. Mes larmes ont coulé à plusieurs reprises et m'ont soufflé ces vers en quelques heures. Je me livre à vous en ayant ponctionné un peu de chacun des personnages du film. Je ne veux pas vous en dire davantage pour qu'à votre tour vous soyez libres de vous diriger dans une salle obscure, sans arrière pensée, afin de recevoir une belle leçon de vie.






    Je me demande pourquoi c’est tombé sur moi,

    Ce que j’ai bien pu faire pour mériter ça ;

    J’ai beau sonder mes souvenirs les plus profonds,

    Triturer mes pensées, je sais bien qu’au fond

    Je n’ai jamais fait de mal à qui que ce soit

    Et pourtant cette injustice s’abat sur moi ;

    C’est si dur de l’accepter, mais ai-je le choix ?

     

    Dans mon miroir, je vieillis chaque jour d’un an,

    C’est un autre reflet que je perçois, mourant.

    Je préfèrerais y voir boutons et rougeurs

    Plutôt que ce visage terni par les heures.

    Mes cernes plongent dans un bleu presque océan

    Et s’opposent à mes yeux rouge vif effrayant

    Que des larmes noient bien trop régulièrement.

     

    Mes cheveux n’ont pas résisté, ils sont tombés,

    D’abord par petites touffes puis par paquets.

    Qu’importe qu’ils fussent trop raides, gras et fins,

    Je voudrais encor’ les caresser de ma main,

    Y faire des tresses pour un peu les friser,

    Les monter en chignon,  paraître distinguée ;

    Et dire que je les ai souvent méprisés.

     

    Je n’ai plus de problème de poids. Idéal ?

    Mes joues se creusent, mes pommettes se dévoilent,

    Mes os surgissent de jour en jour sous mon corps,

    Je découvre mon squelette et tous ses trésors.

    Qu’on m’offre gâteaux, chocolat, ça m’est égal,

    Tout ce que je refusais avec tant de mal ;

    Devoir d’être fine : quel gâchis au final.

     

    Chaque effort amène son degré de souffrance,

    Mon pouls s’accélère, ne suit plus la cadence.

    Tout mouvement requiert une concentration,

    Tout geste nécessite une estimation.

    J’aimerais me promener avec insouciance,

    Courir en forêt, ouïr mon cœur qui balance,

    Nager, plonger, être la reine de la danse.

     

    Pour l’heure, agonisante, je gis dans un lit,

    Analysant mon passé, mon ancienne vie.

    Des petits soucis, j’en faisais une montagne,

    Maintenant j’en ris, ce ne sont que des détails.

    Par trop de fois je me suis encombré l’esprit ;

    Ces riens à l’époque proches de l’infamie

    Me rendraient si heureuse, pourtant, aujourd’hui.

     

    Ma survie ne tient à rien, un coup du destin.

    J’attends la mort d’autrui, un don inopportun.

    Me sentirais-je coupable, une fois sauvée ?

    Serais-je punie, châtiée, de tant espérer ?

    Je souhaiterais qu’il s’agisse d’un assassin

    Plutôt que d’un innocent, cela est malsain,

    Mais c’est mon unique issue pour un lendemain.


    Ce thème sera clos à la fin de cet article, même si nous aurons l'occasion de l'aborder à nouveau à travers vos commentaires, ce que je souhaite de tout coeur. Mais je ne peux vous quitter ainsi sans vous supplier de faire un choix. Oui je sais, la mort n'est pas un sujet qu'on aborde facilement surtout quand il s'agit de la sienne. Il ne faut pas attirer les mauvais esprits et pourtant tellement de gens sont en attente de greffes. Ils n'ont pas eu de chance, une santé fébrile les accable, une maladie les affaiblit. Pour une majorité, ils n'ont rien prémédité. Ils subissent une injustice, un coup du sort. Ils ne sont pas nés sous une bonne étoile comme on dit.

    Doit-on les oublier pour autant, les laisser dans un coin à attendre la mort ?
    Sont-ils maudits même à vos yeux ?

    Je ne peux me résoudre à me taire et à tourner la page sans essayer de convaincre les quelques indécis qui liront cet article. Le film leur parlera peut-être davantage et les inciteront à franchir le cap. Je n'ai pas de Dieu, je ne fais partie d'aucune communauté et après la mort pour moi il n'y a rien. Je ne vois pas pourquoi je conserverai mes organes pour qu'ils pourrissent dans mon cercueil ou brûlent dans mon crématorium. Ce serait un réel gâchis et je m'y refuse. Je pourrais sauver tellement de vie, offrir tant de sourires, rendre l'espoir, donner la vie et je ne m'en priverai pas. Il ne s'agit pas ici d'un acte héroïque, seulement d'une prise de conscienced'un élan de solidaritéd'un geste humain, fraternel, d'une main tendue, amicale.

    Alors voilà, la démarche est simple, il vous faut vous munir d'une carte de donneur que vous trouverez dans les hôpitaux (ou sur le site ci-joint), avertir vos proches de votre choix (et peut-être les convaincre par la même occasion) et insister pour que votre volonté soit respectée.




    Pour information, en 2006, 5 500 Européens sont morts dans l'attente d'une greffe. Chaque jour 12 Européens en meurent. Et si c'était un membre de votre famille ou un ami ?

                                                              

    Sur chaque corps, on peut prélever une dizaine d'organes et tissus et sauver ainsi tout autant de personnes. Alors n'hésitez plus.

                                                                  

    Pour plus d'informations, je vous invite à consulter le site suivant : http://www.france-adot.org/

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