• Les plus beaux poèmes de John Betjeman (2/5)

    Poursuivons et finissons notre visite de Londres avec cet humour so british ! Enjoy

     

    Dans l’abbaye de Westminster

     

    Laisse-moi ôter mon autre gant

    Tandis que la vox humana s’amplifie,

    Et que les prairies enchanteresses de l’Eden

    Se prélassent au soleil sous les cloches de l’abbaye.

    Ici, où gisent les grands hommes d’Angleterre,

    Ecoute d’une femme distinguée la prière.

     

    Seigneur plein de grâce, oh bombarde les Allemands.

    Epargne leurs femmes au nom de Ta Charité,

    Et si cela pose trop de difficultés

    Tes Erreurs seront pardonnées.

    Mais, Seigneur plein de Grâce, quoi qu’il en soit,

    Ne laisse aucune bombe tomber sur moi.

     

    Conserve intact notre Empire

    Que Ta Main conduise nos Drapeaux,

    Les vaillants noirs de la lointaine Jamaïque,

    Du Honduras et du Togo ;

    Protège-les, Seigneur, sous le feu,

    Et protège les blancs encore mieux.

     

    Pense à ce que notre Nation représente,

    Les livres de chez Boots, les petits chemins ruraux,

    La liberté de parole, les forfaits de transport, la distinction sociale,

    La démocratie et un réseau d’eaux usées comme il faut.

    Seigneur, mets sous Ta protection toute particulière

    Le cent-quatre-vingt-neuf, Cadogan Square.

     

    Seigneur aimé, j’ai commis des péchés,

    Cependant aucun crime très important ;

    Désormais je me rendrai à l’Office du Soir

    Dès que j’en aurai le temps.

    Aussi, mets-moi de côté une couronne, Seigneur très bon.

    Et ne laisse pas descendre le cours de mes actions.

     

    Je travaillerai dur pour Ton Royaume,

    J’aiderai nos gars à l’emporter par les armes,

    J’enverrai des plumes blanches aux mauviettes

    Je m’engagerai dans le corps d’armée des Femmes,

    Et les Marches de Ton Trône, je les rendrai belles

    Dans la Zone de Sécurité Eternelle.

     

    Je me sens un peu mieux à présent,

    Quelle récompense d’entendre une Parole de Toi,

    Ici où les ossements d’importants chefs d’Etat,

    Ont été ensevelis tant de fois.

    Et maintenant, Seigneur aimé, je dois y aller

    Car j’ai rendez-vous pour déjeuner.

     

     

    N.W.5 & N.6

     

    Les falaises rouges se dressent. Et vers leurs sommets, les monte-charges

    S’élancent avec les provisions à des hauteurs argentées.

    Lissenden Mansions. Et ma mémoire retrouve

    Des lis dans les éclairages électriques semblables à des lis

    Et des odeurs d’Irish stew dans l’odeur des prunus

    Et des tumultes marins dans ceux des tramways londoniens.

     

    Parmi tous ces souvenirs, ma mémoire ressuscite le calme

    De cette haie de troènes sombre aux joies intarissables,

    Ici en premier lieu, absorbée par son régime de feuilles,

    Je regardais se nourrir la chenille ondulante

    Et la voyais suspendue en une écume collante

    Jusqu’au jaillissement du phalène hors de la chrysalide, après des semaines d’attente.

     

    Je vois les branches noires d’un chêne se découper sur le ciel,

    Des écureuils rouges sur le Burdett-Coutts estate.

    Je pose à ma nurse la question « est-ce que je mourrai ? »

    Au moment où les cloches de la triste Sainte-Anne retentissent si tard,

    « Et si je meurs vraiment, irai-je au Paradis ? »

    Highgate entre chien et loup. Mille neuf cent onze.

     

    « Tu iras. Pas moi. » De la part de cette piètre bonne d’enfants,

    Sadique et puritaine comme je m’en aperçois aujourd’hui,

    J’ai d’abord appris ce qu’était la peur,

    Nourri de force, étalé en travers sus ses genoux,

    Enfermé dans des placards, à longueur de jour abandonné,

    « Pour les siècles des siècles ». Terribles mots sur lesquels prier.

     

    « Pour les siècles des siècles ». Ce n’est pas tant ce qu’elle ferait

    Qui me terrifiait à ce point mais sa propre peur

    Et sa culpabilité devant ce qui n’aurait pas de fin. Moi aussi je les ai attrapées,

    Moi qui ai horreur de penser à la succession des sphères

    Dans l’éternité et l’implacable volonté de Dieu.

    J’ai attrapé sa terreur à cette époque. Je l’ai toujours.

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