• Les chants du crépuscule (4/5)

    Avant-dernière sélection. Profitez-en bien ! Si le premier poème coïncide parfaitement avec le printemps tout juste arrivé, le second est une magnifique déclaration...

     

    XXVII

     

    La pauvre fleur disait au papillon céleste :

                _ Ne fuis pas !

    Vois comme nos destins sont différents. Je reste,

                Tu t’en vas !

     

    Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes

                Et loin d’eux,

    Et nous nous ressemblons, et l’on dit que nous sommes

                Fleurs tous deux !

     

    Mais, hélas ! l’air t’emporte et la terre m’enchaîne.

                Sort cruel !

    Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine

                Dans le ciel !

     

    Mais non, tu vas trop loin ! _ Parmi des fleurs sans nombre

                Vous fuyez,

    Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre

                A mes pieds.

     

    Tu fuis, puis tu reviens ; puis tu t’en vas encore

                Luire ailleurs.

    Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore

                Toute en pleurs !

     

    Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles,

                O mon roi,

    Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes

                Comme à toi !

     

    Roses et papillons, la tombe nous rassemble

                Tôt ou tard.

    Pourquoi l’attendre, dis ? Veux-tu pas vivre ensemble

                Quelque part ?

     

    Quelque part dans les airs, si c’est là que se berce

                Ton essor ;

    Aux champs, si c’est aux champs que ton calice verse

                Son trésor.

     

    Où tu voudras ! qu’importe ! oui, que tu sois haleine

                Ou couleur,

    Papillon rayonnant, corolle à demi pleine,

                Aile ou fleur !

     

    Vivre ensemble, d’abord ! c’est le bien nécessaire

                Et réel !

    Après on peut choisir au hasard, ou la terre

                Ou le ciel !

                                       7 décembre 1834

     

    XXXV

     

    […]

    Mais vous qui répandez tant de jour sur mon âme,

    Vous qui depuis douze ans, tour à tour ange et femme,

    Me soutenant là-haut ou m’aidant ici-bas,

    M’avez pris sous votre aile ou calmé dans vos bras ;

    Vous qui, mettant toujours le cœur dans la parole,

    Rendez visible aux yeux, comme un vivant symbole,

    Le calme intérieur par la paix du dehors,

    La douceur de l’esprit par la santé du corps,

    La bonté par la joie, et, comme les dieux même,

    La suprême vertu par la beauté suprême ;

    Vous, mon phare, mon but, mon pôle, mon aimant,

    Tandis que nous flottons à tout évènement,

    Vous savez que tout âme a sa règle auprès d’elle ;

    Tout en vous est serein, rayonnant et fidèle,

    Vous ne dérangez pas le tout harmonieux,

    Et vous êtes ici comme une sphère aux cieux.

    Rien ne se heurte en vous ; tout se tient avec grâce ;

    Votre âme en souriant à votre esprit s’enlace ;

    Votre vie, où les pleurs se mêlent quelquefois,

    Secrète comme un nid qui gémit dans les bois,

    Comme un flot lent et sourd qui coule sur des mousses,

    Est un concert charmant des choses les plus douces ;

    Bonté, vertu, beauté, frais sourire, œil de feu,

    Toute votre nature est un hymne vers Dieu.

    Il semble, en vous voyant si parfaite et si belle,

    Qu’une pure musique, égale et solennelle,

    De tous vos mouvements se dégage en marchant.

    Les autres sont des bruits ; vous, vous êtes un chant !

                                       17 octobre 1834. Aux Roches.

     

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