• Anonymous

    anonymous1.jpgEnfin un film sur un des mes auteurs favoris pour ne pas dire le plus prestigieux, le plus talentueux ! J’avais hâte de le voir mais en même temps un peu peur. Mes craintes se portaient uniquement sur le fait que le film avance la théorie suivante : Shakespeare n’est pas l’homme qui a écrit les poèmes et les pièces de théâtre que nous connaissons tous. Certes cette hypothèse est plus que plausible puisque l’on sait que William Shakespeare n’était pas un noble, ni même un bourgeois. Fils d’un gantier, comment aurait-il pu manier la langue anglaise avec autant de brio ? Comme le réalisateur l’évoque dans les bonus (très intéressants d’ailleurs), dès le XVIIIème siècle, les érudits ont eu des doutes sur les capacités et les connaissances de Shakespeare. Mais on ne pouvait pas à l’époque remettre en cause un tel prodige, on ne pouvait salir le prestige d’un auteur si élogieux sans finalement s’attaquer à l’Angleterre elle-même si fière de son dramaturge.

     

    C’est d’ailleurs ce qui est mis en lumière dès le début du film. Le narrateur, sur une scène de théâtre actuelle, raconte qu’aucun écrit, aucune lettre, aucune œuvre de Shakespeare n’a été retrouvée. On ne peut même pas prouver qu’il savait écrire ; d’ailleurs, il épelait son nom de la sorte : SHAKSPER. Certes il lisait puisqu’il était un comédien plutôt renommé. Son père et les deux filles de Shakespeare étaient eux-mêmes illettrés. Alors comment tout cela est-il possible ? Le doute est posé, les arguments sont énoncés pour justifier le film qui suivra.

     

    Shakespeare est un comédien qui joue une scène de théâtre devant une foule assez conséquente. Le comte d’Oxford, Edouard de Vere, assiste à cette pièce et est impressionné par le nombre de spectateurs. Il trouve que c’est la meilleure façon finalement de toucher une multitude de personnes et de faire passer un message. C’est alors que le côté politique entre en scène. A cette époque, la reine Elisabeth n’a toujours pas nommé d’héritier et le temps presse vu son âge avancé. De Vere souhaiterait voir sur le trône le fils bâtard de la reine le comte d’Essex mais le conseiller personnel de la reine de puis plusieurs décennies, le comte Cecil, met plutôt en avant le roi James d’Ecosse. Or les Anglais ne veulent pas d’un Ecossais au pouvoir.

     

    de-Vere.jpgDe Vere a toujours été attiré par l’écriture. Petit, déjà, il jouait devant la jeune reine Elisabeth et écrivait des pièces. Cette dernière, d’ailleurs, appréciait son talent et la beauté de son verbe. Malheureusement, à la mort de ses parents, de Vere est recueilli par le comte Cecil qui lui interdit formellement d’écrire de la poésie sous son toit. Cela empire lorsqu’il est contraint d’épouser la fille de son bienfaiteur. Du coup, toutes ses œuvres écrites en cachette n’ont jamais pu voir le jour.

     

    Jonson, l’auteur de la pièce jouée par Shakespeare, reçoit alors uneshakes proposition du comte d’Oxford. En échange d’argent, il devra donner vie aux  œuvres de de Vere et les faire passer pour les siennes car un noble n’a pas le droit d’écrire de la sorte. Jonson hésite et en parle à William Shakespeare. A la fin de la représentation de la première pièce du comte d’Oxford, Henri V, le public acclame l’auteur mais c’est finalement Shakespeare qui monte sur scène et s’empare de la gloire qui ne finira pas de croître par la suite.

     

    De Vere place ainsi ses pions et profite enfin de la mise en lumière de ses pièces même si le succès ne lui est pas attribué personnellement. Shakespeare se fait un nom, se montre gourmand et fait jaser d’autres dramaturges notamment Kit Marlowe qui ne croit pas Shakespeare capable d’écrire de telles œuvres. D’autre part, Cecil déteste les pièces de théâtre et s’offusque du fait que la reine y reine.jpgreprend goût. Les pièces du comte d’Oxford mettent en avant des nobles, des assassinats, des ruses politiques qui sont loin de plaire à Cecil mais qui éveillent davantage l’intérêt du peuple. C’est donc à travers le théâtre et les messages cachés dans les pièces que va s’achever la fin de l’époque élisabéthaine.

     

     

     

     

    Ce film est réalisé à mon sens avec brio. Tout d’abord, les costumes et les décors sont magnifiques. Le scénario est un bijou, c’est avec une grande joie que je me suis replongée dans le langage shakespearien surtout qu’on a le privilège d’assister à plusieurs extraits d’œuvres. Les chassés croisés entre la jeunesse, l’adolescence et la vie « actuelle » d’Oxford sont faits judicieusement. Chaque retour en arrière est de courte durée, juste assez pour nous expliquer sa vie, ses choix au moment opportun. On apprend d’ailleurs à travers lui beaucoup d’informations intéressantes sur la reine Elisabeth. Les acteurs sont absolument remarquables surtout Rhys Ifans qui incarne le comte d’Oxford et Vanessa Redgrave la reine Elisabeth. L’histoire en elle-même se tient parfaitement même si elle égratigne un peu notre héros dépeint ici comme un ivrogne sans scrupules. Plus les minutes passent et plus l’hypothèse prend toute sa place, tout son sens. En effet, de Vere était un noble érudit qui a passé du temps en Italie. Il parlait le latin, le grec, le français et connaissait les lois élisabéthaines du XVIème siècle. Comme on le précise dans les bonus, toutes ces qualités étaient plus que nécessaires à l’auteur des œuvres de Shakespeare car les pièces mettent en scène des nobles, beaucoup se déroulent en Italie, plusieurs langues y sont parfois citées et les lois de l’époque sont utilisées. Il ne faut pas non plus se leurrer, Shakespeare n’avait aucune de ces capacités. Alors que ce soit le comte d’Oxford le père de ses œuvres somptueuses ou un groupe de dramaturges qui est l’autre hypothèse évoquée, qu’importe, l’essentiel c’est qu’elles aient subsisté à travers les temps et qu’elles nous enchantent encore aujourd’hui.

     

     

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