• Will le magnifique de Stephen Greenblatt

    C'était un cadeau de Noël de mon homme qui connaît mon engouement pour les oeuvres de William Shakespeare. Forcément il était sûr de tomber dans le mille. Il savait aussi que j'avais adoré le film Anonymous de Roland Emmerich qui pourtant développe l'hypothèse que William Shakespeare n'est pas le véritable auteur de ses oeuvres mais qu'il a accepté d'en porter la responsabilité puisque le noble, l'écrivain lui-même, refusait d'en endosser la paternité.

    Le roman de Stephen Greenblatt est l'antithèse du film. Il n'hésite pas d'ailleurs à attirer l'attention des lecteurs avec cette question sur la première de couverture : "Comment devient-on le plus grand dramaturge de tous les temps ? Histoire d'un self-made-man nommé Shakespeare."

     

    Will le magnifique de Stephen GreenblattQuatrième de couverture : Qui était Shakespeare ? De l'homme, rien ou presque n'a survécu. Seule l'oeuvre a traversé les siècles. Se pourrait-il qu'elle éclaire une partie de ce mystère que le dramaturge semble avoir délibérément entretenu ? Stephen Greenblatt le croit. Et avec sa tranquille érudition nous en offre une lecture passionnante, la confrontant à l'histoire du XVIe siècle élisabéthain et aux plus récentes découvertes.

    La voix de Shakespeare est alors si présente, l'Angleterre décrite si vivante qu'elles donnent à l'ouvrage une saveur d'autobiographie. Le monde dans lequel le dramaturge a grandi revit sous nos yeux, les rites et les traditions, les travaux des jours et des saisons, les expériences sensorielles et émotionnelles. On découvre avec étonnement comment s'est forgé l'imaginaire de l'artiste, de quels souvenirs son oeuvre est pétrie, quelles associations d'idées sont à l'origine d'un vers ou d'une scène, comment cet homme, qui a fui sa province natale et le métier de gantier qui lui était promis, a transformé sa vie, sans appui ni héritage, en une incroyable success story. 

    Mais le portrait serait incomplet s'il n'avait pour toile de fond l'Angleterre elle-même, Londres et sa prodigieuse vitalité, coeur d'une nation déchirée par les persécutions religieuses et sur le point de basculer du Moyen Âge vers les Temps modernes, dans cette Renaissance foisonnante que Stephen Greenblatt - les lecteurs de Quattrocento le savent - raconte mieux que personne.

     

    L'essentiel de la trame du livre est résumé sur la quatrième de couverture. En effet, Stephen Greenblatt va utiliser ses connaissances sur l'histoire de l'Angleterre de l'époque, sur ses coutumes, ses modes de vie et sur le peu d'informations qu'on a sur la vie de Shakespeare mais aussi sur celles de sa famille pour montrer où Shakespeare a puisé ses idées, quelles épisodes de sa vie l'ont marqués au point de devoir les coucher sur papier.

    C'est effectivement un voyage, une immersion dans l'Angleterre de l'époque. On y apprend énormément de choses très intéressantes, les fans d'histoire apprécieront grandement, je le garantis.

    Quant aux preuves que Greenblatt apportent, si certaines sont légères d'autres sont, je l'admets, assez troublantes et remettent en question mes propres convictions sur le véritable auteur des oeuvres de Shakespeare... Par contre, il y a encore un doute qui subsiste dans mon esprit car l'auteur du roman n'y répond pas dans son ouvrage et cela m'embête fortement...

     

    Entre le film Anonymous et le livre de Greenblatt vous avez la possibilité de vous faire votre propre opinion sur la question : qui était véritablement Shakespeare ? Bon visionnage et bonne lecture alors !

     

    Extrait 1 : Cependant, même après avoir lu les meilleures archives et passé au crible tous ces documents, le lecteur se sent rarement plus près de comprendre comment le dramaturge a bâti son oeuvre. Pire encore, Shakespeare nous paraît souvent plus terne et plus ordinaire, et les ressorts cachés de son art nous semblent plus inaccessibles que jamais. Il nous serait déjà difficile de les repérer si nous disposions de lettres, d'un journal intime, de mémoires écrits par des contemporains, de récits de conversations, de notes marginales griffonnées dans des livres ou des brouillons. Or rien de tout cela n'a survécu, rien qui puisse nous fournir un lien évident entre cette oeuvre intemporelle et universelle et la vie de l'homme qui a laissé de si nombreuses traces dans les archives bureaucratiques de son temps. Son oeuvre est si surprenante et si lumineuse qu'elle semble avoir été créée par un dieu et non par un mortel, encore moins par un provincial d'origine modeste.

     

    Extrait 2 : La charte de l'école de Stratford interdit alors au maître de recevoir de l'argent directement de ses élèves en échange de son enseignement. Il doit s'occuper de tous les garçons déclarés aptes, c'est-à-dire de tous ceux qui ont appris les rudiments de la lecture et de l'écriture, "quelle que soit l'indigence des parents ou la médiocrité de l'enfant." En échange, il est logé gratuitement et reçoit un salaire annuel de vingt livres, une somme conséquente _ la ville de Stratford, prenant très au sérieux l'éducation de ses enfants, ne lésine pas sur les moyens.

    [...]

    En outre, fréquenter l'école est onéreux : les élèves doivent fournir leurs propres plumes, un couteau pour les tailler, et du papier, denrée fort coûteuse à l'époque. Malgré tout, un garçon de famille modeste peut recevoir une éducation rigoureuse fondée sur l'étude des classiques _ il est quasiment certain que Will y fait ses études, réalisant ainsi le rêve de ses parents.

    [...]

    Il existait un exercice particulier qui devait alléger ces interminables journées d'étude : presque tous les pédagogues de l'époque considéraient qu'un des meilleurs moyens d'enseigner le latin consistait à faire lire et jouer des pièces de théâtre antique, notamment les comédies de Plaute et de Térence.

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