• Un jour, un poème (4/19)

    Je vous propose deux poèmes contemporains aujourd'hui, le premier de l'illustre Victor Hugo, le second de Catherine Pozzi. Tous deux mettent en avant la force de l'amour, le pouvoir qu'il peut avoir sur les êtres, dans la guérison, dans le bonheur. De bien jolies déclarations à lire et à aimer ?

     

    Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe

     

    Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe ! 
    Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe ! 
    Qui sait combien de jours sa faim a combattu ! 
    Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu, 
    Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées 
    S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées ! 
    Comme au bout d'une branche on voit étinceler 
    Une goutte de pluie où le ciel vient briller, 
    Qu'on secoue avec l'arbre et qui tremble et qui lutte, 
    Perle avant de tomber et fange après sa chute !

    La faute en est à nous ; à toi, riche ! à ton or ! 
    Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor. 
    Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière, 
    Et redevienne perle en sa splendeur première, 
    Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour, 
    D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour !

     

    Victor Hugo Les Chants du crépuscules, 1935

     

     

    Ave

     

    Très haut amour, s’il se peut que je meure

    Sans avoir su d’où je vous possédais,

    En quel soleil était votre demeure

    En quel passé votre temps, en quelle heure

    Je vous aimais,

          

    Très haut amour qui passez la mémoire,

    Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,

    En quel destin vous traciez mon histoire,

    En quel sommeil se voyait votre gloire,

    O mon séjour…

          

    Quand je serai pour moi-même perdue

    Et divisée à l’abîme infini,

    Infiniment, quand je serai rompue,

    Quand le présent dont je suis revêtue

    Aura trahi,

       

    Par l’univers en mille corps brisée,

    De mille instants non rassemblés encor,

    De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,

    Vous referez pour une étrange année

    Un seul trésor

       

    Vous referez mon nom et mon image

    De mille corps emportés par le jour,

    Vive unité sans nom et sans visage,

    Cœur de l’esprit, ô centre du mirage

    Très haut amour.      

     

    Catherine Pozzi Poésies, 1959

    « L'amour sans condition de Louise HayCadres noirs de Pierre Lemaître »

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