• Un jour, un poème (3/19)

    Je vous présente deux extraits aujourd'hui : un très joli poème d'amour pour débuter et vous mettre en émoi, puis une réalité qui pourrait effrayer si nous faisions le même rêve.... Par contre si la conclusion pouvait être partagée de tous, le monde serait bien meilleur.

     

    Elégie 

     

    Je ne vous parlerai que lorsqu’en l’eau profonde
    Votre visage pur se sera reflété
    Et lorsque la fraîcheur fugitive de l’onde
    Vous aura dit le peu que dure la beauté.

    Il faudra que vos mains pour en être odorantes,
    Aient cueilli le bouquet des heures et, tout bas,
    Qu’en ayant respiré les âmes différentes
    Vous soupiriez encore et ne souriiez pas ;

     

    Il faudra que le bruit des divines abeilles
    Qui volent dans l’air tiède et pèsent sur les fleurs
    Ait longuement vibré au fond de vos oreilles
    Son rustique murmure et sa chaude rumeur ;

    Je ne vous parlerai que quand l’odeur des roses
    Fera frémir un peu votre bras sur le mien
    Et lorsque la douceur qu’épand le soir des choses
    Sera entrée en vous avec l’ombre qui vient ;

    Et vous ne saurez plus, tant l’heure sera tendre
    Des baumes de la nuit et des senteurs du jour,
    Si c’est le vent qui rôde ou la feuille qui tremble,
    Ma voix ou votre voix ou la voix de l’Amour...

     

    Henri de Régnier La cité des eaux, 1902

     

     

    Un songe

     

    Le laboureur m'a dit en songe : « Fais ton pain, 
    Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème. » 
    Le tisserand m'a dit : « Fais tes habits toi-même. » 
    Et le maçon m'a dit : « Prends ta truelle en main. »

    Et seul, abandonné de tout le genre humain 
    Dont je traînais partout l'implacable anathème, 
    Quand j'implorais du ciel une pitié suprême, 
    Je trouvais des lions debout dans mon chemin.

    J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle : 
    De hardis compagnons sifflaient sur leur échelle, 
    Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés.

    Je connus mon bonheur et qu'au monde où nous sommes 
    Nul ne peut se vanter de se passer des hommes ; 
    Et depuis ce jour-là je les ai tous aimés.

    Sully Prudhomme Les Epreuves, 1866

    « Les dieux voyagent toujours incognito de Laurent GounelleL'amour sans condition de Louise Hay »

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