• Les contemplations (19/31)

    Que de doux souvenirs si merveilleusement mis en lumière par l'amour d'un père pour sa fille...

     

     

     

    IX

     

    O souvenirs ! printemps ! aurore !

    Doux rayon triste et réchauffant !

    - Lorsqu'elle était petite encore,

    Que sa soeur était tout enfant... -

     

    Connaissez-vous sur la colline

    Qui joint Montlignon à Saint-Leu,

    Une terrasse qui s'incline

    Entre un bois sombre et le ciel bleu ?

     

    C'est là que nous vivions. - Pénètre,

    Mon coeur, dans ce passé charmant ! -

    Je l'entendais sous ma fenêtre

    Jouer le matin doucement.

     

    Elle courait dans la rosée,

    Sans bruit, de peur de m'éveiller ;

    Moi, je n'ouvrais pas ma croisée,

    De peur de la faire envoler.

     

    Ses frères riaient... - Aube pure !

    Tout chantait sous ces frais berceaux,

    Ma famille avec la nature,

    Mes enfants avec les oiseaux !  

     

    Je toussais, on devenait brave.

    Elle montait à petits pas,

    Et me disait d'un air très grave :

    J'ai laissé les enfants en bas.

     

    Qu'elle fût bien ou mal coiffée,

    Que mon coeur fût triste ou joyeux,

    Je l'admirais. C'était ma fée,

    Et le doux astre de mes yeux !

     

    Nous jouions toute la journée.

    O jeux charmants ! chers entretiens !

    Le soir, comme elle était l'aînée,

    Elle me disait: Père, viens !

     

    Nous allons t'apporter ta chaise,

    Conte-nous une histoire, dis ! -

    Et je voyais rayonner d'aise

    Tous ces regards du paradis.

     

    Alors, prodiguant les carnages,

    J'inventais un conte profond

    Dont je trouvais les personnages

    Parmi les ombres du plafond.

     

    Toujours, ces quatre douces têtes

    Riaient, comme à cet âge on rit,

    De voir d'affreux géants très bêtes

    Vaincus par des nains pleins d'esprit.

     

    J'étais l'Arioste et l'Homère

    D'un poème éclos d'un seul jet ;

    Pendant que je parlais, leur mère

    Les regardait rire, et songeait.

     

    Leur aïeul, qui lisait dans l'ombre,

    Sur eux parfois levait les yeux,

    Et, moi, par la fenêtre sombre

    J'entrevoyais un coin des cieux !

     

                                       Villequier, 4 septembre 1846.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 2 Février 2018 à 19:16

    Un petit coucou sur ton nouveau blog, toujours de beaux poèmes à lire. Je voulais te remercier pour tes commentaires qui me vont toujours droit au coeur.

    Et ça me fait très plaisir que tu continues toujours à me suivre, je vois qu'il n'y a plus grand monde.....

    Je te dis au plaisir de te relire. Amitié. Maria smile

     

    2
    Dimanche 4 Février 2018 à 16:42

    De rien Maria, c'est toujours un plaisir pour moi de te lire.

    Merci d'être venue par chez moi et d'avoir laisser un commentaire sur mon nouveau blog.

    Amitiés poétiques

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